« Lost in a dark night » -- Naomi A. Jenkins

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« Lost in a dark night »
FEAT ; BLUEBERRY S. CAMPBELL & NAOMI A. JENKINS

- Tu m'as fichu une de ces frousses, Naomi. Fais plus jamais ça... Qu'est ce que tu fais là ?

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Ma montre m'indiquait qu'il était dans les alentours de 3 heures du matin. C'était pas bien tard, enfin si, mais la soirée n'était pas terminée. Je me retournais dans ce lit qui m'était totalement inconnu et jetais un regard au jeune homme qui somnolait à côté de moi. Comment avait-il dit qu'il s'appelait déjà ? Je me souviens, il s'appelle Mike. Ou peut être Malcolm. Finalement, je n'en sais rien. C'avait été un bon compagnon de jeu mais il était peut être temps que je disparaisse dans la nuit. Si je partais pendant que ce beau brun dormait, ce serait beaucoup plus facile. Effectivement, ça évitera les « pourquoi pars tu comme ça ? » et les « donne moi au moins ton numéro, histoire qu'on aille boire un verre un de ces quatre ». Le principe des coups d'un soir était que ça soit valable uniquement pour un soir. Et ils étaient tous incapables de comprendre cela.

Je fis attention de ne pas faire de bruit et me leva. J'enfila rapidement mon jean ainsi que mon débardeur blanc trop grand pour moi et mes bottes en cuir et attrapai ma veste en jean. Je regarda en direction de mon ami d'un soir. Avec un peu de chance, nous nous reverrons. Ou je devrais dire, beaucoup de malchance, on ne sait jamais. J'étais en plein Manhattan et le quartier était pourtant désert. Cool, personne pour m'embêter alors. J'essaya de me trouver un taxi, en vain. J'aurais bien aimé qu'on m'explique pourquoi à 3 heures du matin, c'était mission impossible d'en trouver un. Je râlais, pour changer, et commença à marcher. Ma maison était à une dizaine de minutes d'ici.

J'attachais mes cheveux en un chignon négligé et pris une petite ruelle où même pas un chat ne devait passer. Ce chemin était un bon raccourci pour rentrer chez moi. Je prenais mon temps. Mon père était encore à l'étranger pour son travail. Il est réalisateur de films. C'est cool, hein ? Oui, je sais mais ce genre de métier demande beaucoup de présence. Il est plus en voyage que chez moi avec ma soeur et moi. Surtout depuis son divorce avec ma mère. C'était pas le moment de penser à ça. Penses à autre chose, Naomi, penses à autre chose. J'entendais un bruit qui me fis sursauter. Bon Dieu, qui pouvait se cacher dans une si petite rue à cette heure ci ?! Je plissa les yeux et vis une fille, il me semblait que c'était une fille, recroquevillée sur elle même. Elle cherchait quelque chose sur le sol et je m'avançais, en faisant le moins de bruit possible. Plus je m'avançais, plus je reconnaissais cette personne. Blueberry Campbell. Qui d'autre ça aurait pu être ? Cette fille était bien le genre de fille à se retrouver à errer dans une ruelle sombre sans raison apparente. C'était pour son côté totalement à part que je l'adorais. Je la voyais serrer dans sa main un petit flacon. Je souria en réalisant qu'elle devait sans doute avoir préparer un plan pour mettre K.O. l'inconnue qu'elle pensait que j'étais. Elle se retourna vivement, son parfum prêt à utilisation, puis sourit en se rendant compte qu'il ne s'agissait que de moi.

« Si c'est avec ça que tu comptais avoir ma peau, t'étais mal barrée. Je dois sans doute avoir chez moi un livre qui pourrait t'aider du genre 100 bons conseils d'auto-défense. »

Blueberry me répondit par une grimace et me demanda ce que je faisais là. Qu'est ce que je faisais là déjà ? Hum, je rentrais chez moi, c'est vrai. Je m'asseyais par terre, à côté d'elle, et allumais une cigarette. J'étais contente de croiser Blueberry. J'avais maintenant moins envie de rentrer chez moi et d'être encore une fois seule avec moi même.

« J'étais chez un "ami" et je rentrais simplement chez moi. Et toi, tu m'expliques ce que tu fais là, assise et seule dans le noir ? »

- Oh, moi, je me promenais. Et je cherchais ça aussi, par la même occasion.

- Lève toi, il est encore trop tôt pour rentrer chez nous. Et la dernière fois qu'on s'est faite une soirée remonte à... Trop longtemps.

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Blueberry Campbell. Un sacré bout de femme. Si je ne la connaissais pas, je dirais qu'elle est folle, ouais totalement barge dans sa tête. C'est le genre de fille à dire des trucs à l'ouest ou à vraiment foutre le doute dans votre esprit sans vraiment le vouloir. Puis, j'ai compris après l'avoir vue pour la première que c'était dans sa personnalité d'être totalement décalée, un peu de tension même. Pitre, c'est parfait comme mot pour décrire Blueberry. C'est ce genre de fille à être drôle sans le vouloir. En voyant son visage appeuré et ses petits doigts maigrelets serrer ce flacon de parfum, je ne peux m'empêcher de rire. Franchement, je me demande ce qu'elle comptait me faire avec cette arme inutile. La façon dont elle me dévisage me fait rire de plus belle. Je suis tentée de sortir mon téléphone et d'immortaliser ce moment. Twitter adorerait savoir ça. J'arrête de rire face à la grimace qu'elle me fait et m'assois à ses côtés.

Sérieusement, j'adore Blueberry. C'est certainement une des plus belles rencontres de toute ma vie. Vous savez ce genre de rencontre que vous ne faites que si vous êtes chanceux ? Et bien, avec Blueberry, c'est ça. Quand je lui ai parlé de "l'ami" de chez qui je revenais, je vis son regard. Ce n'était pas un regard de jugement. Voila l'un des trucs que j'aime et que j'admire le plus chez elle : elle n'est pas du genre à juger comme la plupart des gens. Les gens ne savent faire que ça, juger. Je sais très bien ce qu'on dit le plus fréquemment sur moi. Je ne suis pas stupide, ça m'arrive aussi de lire toutes les merdes écrites sur les murs des toilettes de l'université. Il est vrai que j'ai eu plus de coups d'un soir que de véritables petits ami. Et alors ? Si ça ne me pose pas de problèmes à moi même, je ne comprends pas pourquoi ça en pose aux autres. Je suis peut être une fille facile comme tout le monde le dit. Mais je suis jeune, j'ai le droit de faire ce que je veux. Les personnes à qui ça déplait peuvent venir me trouver. Toute cette histoire avec Silas Humphrey n'arrange pas les choses. En plus d'être une fille facile, je devenais une piqueuse de mec. Heureusement, je suis pas du genre à me soucier et écouter toutes les âneries qu'on raconte à propos de moi. Je me connais, mes amis me connaissent, le reste on s'en fout largement.

Bref... Je tire sur ma cigarette et fais un rond de fumée en écoutant Blueberry. Elle se promenait. Vous voyez ? Je ne connais personne qui se promenerait à 3 heures du matin seule dans le noir et dans une rue que personne ne remarquait pour ensuite se plaindre d'avoir peur. Ah oui, personne à part Blueberry. Je secoue la tête de manière nonchalante puis l'écoute terminer son récit. Elle cherchait son portable. Voila qui expliquait pourquoi toutes ses affaires étaient étalées sur le sol et pourquoi je l'aavais trouvé à quatre pattes par terre. D'un geste bref, elle fourre ses affaires dans son sac et s'appuie sur la caisse en bois, à côté de moi. Après quelques secondes de silence, Blue se lève. Je la regarde, elle et la main qu'elle me tend. Mon petit doigt me dit qu'elle a une idée en tête. Pour elle, il est trop tôt pour rentrer. Elle a raison, mais je ne voyais pas vraiment quoi faire d'autre. Enfin... Et là, elle m'amadoua en me rappelant que ça faisait longtemps qu'on avait pas passé de soirée toutes les deux. J'ai même le droit à son petit sourire en coin. Je le lui rends et attrape sa main. Elle a encore raison. Notre dernière soirée remonte à trop longtemps. Petit à petit, on quitte la ruelle. Je jette ma cigarette et enfonce mes mains dans mes poches.

« Où on va, au fait ? T'as une idée ? »